Exploitation (jadis) de l'énergie hydraulique du Grumbach
Dans le temps, le Grumbach était très utilisé comme source d'énergie pour faire tourner des installations. L'énergie hydraulique du ruisseau était convertie en énergie mécanique au moyen de roues à eau (Wasserräder) installées le long de son cours. Sur environ deux kilomètres et demi on pouvait en dénombrer cinq: trois sont toujours en place dont une complètement refaite, les deux autres n'étant plus opérationnelles. Les entreprises concernées étaient, dans le sens du courant: la scierie Hoenner, la saboterie Meister, la scierie Schweitzer, le moulin Meister et la scierie Lutz un peu plus en aval, à la sortie de Durlinsdorf. Les dénominations utilisées ici sont celles d'autrefois et n'ont plus cours actuellement sauf la scierie Lutz qui en évoluant est passée au stade de grande entreprise. Parfois on entend encore parler de la "Holzschuhfabrik" (Saboterie). Remarque supplémentaire: la Scierie Hoenner, maintenant disparue, et la Saboterie font partie du ban de Bendorf. En fait, ces sites étaient concentrés autour de la cluse soit sur environ un tiers de la longueur totale du ruisseau mesurée depuis Bendorf jusqu'à sa jonction avec la Largue à Seppois-le-Haut. Des relevés montrent que sur cette distance, la différence d'altitude est d'environ 40m. La pente est ici favorable plus qu'en aval ce qui fait qu'on pouvait se contenter de canaux d'alimentation relativement courts.
Les roues employées étaient du type "au dessus", c'est à dire qu'elles recevaient l'eau à leur partie supérieure par un canal d'amenée terminé, en général, par un plan incliné. Sur l'exemple ci-dessus (Moulin Meister), cette eau était ensuite admise dans des cavités successives de la roue appelées augets et par l’effet surtout de son poids provoquait la rotation de la roue. On pourrait penser que c'est l'eau tombant d'en haut sur la roue qui actionnait celle-ci, en réalité l'énergie cinétique dans ce cas est assez faible et c'est surtout la gravité qui intervient. L'auget était conçu de façon à conserver le maximum d'eau le plus longtemps possible ce qui conduisait à trouver un compromis judicieux entre plusieurs paramètres.
Photo: Augets vus par en-dessous. Dessin: Afin que l'air puisse être évacué facilement des augets, la distance e entre ces derniers doit être nettement supérieure à l'épaisseur de la lame d'eau.
Photo:
Canal de la Saboterie. Au fond, le Grumbach.
Pour alimenter la roue, chaque entreprise avait son canal, dérivé du Grumbach, et pouvait prélever au plus un tiers du débit total de la rivière, c'était et reste toujours un droit. Au départ de la dérivation une grille empêchait les débris de prendre ce chemin pour éviter les dégâts à la roue. Dans le cas de la scierie Lutz, il a fallu construire une digue, toujours visible, pour obtenir un niveau d'eau suffisant afin de lui faire emprunter le canal. Une vanne permettait de calibrer le débit. A l'origine, tous les canaux se terminaient par un ouvrage aérien pour amener l'eau au-dessus de la roue. Cette solution présentait des inconvénients et dans trois cas on a, par la suite, construit des conduites enterrées qui forçaient l'eau à arriver à la hauteur requise en utilisant le principe des vases communicants.
Photo: Tour élévatrice d'eau. Derrière les lambris, la roue est toujours en place. (Scierie Schweitzer)
Photo: Châssis d'une ancienne unité de sciage. Manquent le système bielle-manivelle et la série de lames de scie qui débitaient le grume (Scierie Hoenner). Actuellement, le principe est toujours le même sauf qu'avec le moteur électrique on atteint des vitesses de sciage beaucoup plus élevées et plus stables. La sciure était évacuée vers la bas.
Gamins, nous devions récupérer cette sciure qui servait à l'assèchement des litières du bétail, surtout à la sortie de l'hiver quand la paille commençait à manquer. Il fallait alors s'aventurer dans le sous-sol sombre de la scierie et s'approcher du socle de l'imposante machine noyé de sciure. Un peu effrayés par le mouvement des grosses bielles, nous nous dépêchions de remplir nos sacs en silence. Si le mécanisme s'arrêtait, on pouvait s'attendre à d'énormes grondements provenant de l'étage supérieur où l'on chargeait et déchargeait les grumes. Plus tard, à l'heure du moteur électrique, nous étions impressionnés par les longues courroies de transmission qui fouettaient l'air sans arrêt.
Avec les recherches actuelles en vue de diversifier les sources d'énergie, on peut dire que celle-ci en est aussi une, toujours disponible. Voici un petit extrait trouvé sur le Web à l'adresse:
http://clients.newel.net/particulier/amader/index.htm#Sommaire
"La roue est-elle encore une solution valable ?"
"Pour de petites puissances et si on veut réduire les frais d'installation on peut encore penser à une roue."
"En matière de faibles chutes, un exemple allemand est probant puisque trois fabricants commercialisent actuellement des roues à aubes munies d'un système de production d'électricité (multiplicateur, génératrice et armoire électrique). La simplicité du système permet de l'intégrer à la plupart des basses chutes sans travaux lourds, contrairement aux turbines. L'électricité, produite à la tension voulue, peut ainsi être réinjectée sur le réseau d'électricité ou être consommée sur place."