Le Sculpteur Enderlin
Ses origines lointaines
Elles se situent incontestablement à Durlinsdorf d'où est originaire sa famille.
Grâce aux travaux de Mr Ganter, du CDHF de Guebwiller qui a décrypté un terrier des biens de l'abbaye de Lucelle datant de 1521, on peut affirmer que les ENDERLIN étaient déjà présents à Durlinsdorf à cette date (donc bien avant l' immigration suisse consécutive à la Guerre de Trente Ans) et y occupaient une place enviable: Burichan Enderlin était forgeron et "propriétaire au village et pour diverses terres".
Sans que l'on puisse établir de lien de parenté faute de documents, il est vraisemblable que les Enderlin, mentionnés dans les registres paroissiaux en 1646, sont de sa descendance.
Les Enderlin tiendront toujours, au fil des siècles une position prééminente, par rapport au reste de la population du village.
Sa généalogie
On peut l'établir de manière certaine depuis 1670, date de mariage de Jean-Jacques ENDERLIN et Catherine MAURER; on y retrouve la plupart des familles du village: les Maurer, les Raemmerlin, les Schlùcklin.
François-Joseph ENDERLIN (1786-1855), son grand-père : Il était cultivateur, percepteur et tenait l' "Auberge Mazarin" au milieu du village. Il fut maire de Durlinsdorf et conseiller général du canton de Ferrette de 1833 à 1845.
François-Xavier ENDERLIN, son père : Né à Durlinsdorf, en 1819, il y épousa Marguerite BIHR, née à Aesch (en Suisse), mais dont les parents étaient originaires de Wolschwiller. François-Xavier s'établit à Aesch (canton de Bâle Campagne), où il prit la gérance de l'auberge "Au Soleil".
Il eut cinq enfants de cette première union; Marguerite Bihr étant décédée en 1854, il se remaria à Bendorf à Madeleine Bach, en 1857: trois enfants sont issus de ce second mariage.
Joseph-Louis ENDERLIN, le sculpteur
Il est né le 25 juin 1851 à Aesch et ne connut de ce fait jamais sa mère, disparue alors qu'il avait trois ans; il accepta mal le remariage de son père.
Ce serait la touchante pensée de sa maman, trop tôt enlevée à son affection, qui aurait éveillé ses velléités artistiques.
Après un stage d'apprentissage à Nancy de 1867 à 1869, il s'engage "pour combattre le Prussien".
La guerre terminée, il entre dans l'atelier du sculpteur Roubaud à Paris, puis fut admis en 1875, à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, dans l'atelier de Jouffroy et de Falguière.
Il expose dès 1878 au Salon des Artistes Français, puis concoure en 1880 au Grand Prix de Rome: admis cinquième, il ne fut pas retenu, mais obtint "le Prix de Florence", attribué par le journal "L'Art", ce qui lui permit de séjourner deux ans dans cette ville. Ce séjour fut décisif pour le reste de sa carrière; il a ramené de ce voyage de nombreuses aquarelles et il est dommage qu'il n'ait pas poursuivi dans cette voie.
Installé définitivement à Paris, il établit son atelier, rue des Artistes dans le 14ème arrondissement; il attira l'attention par ses envois réguliers au Salon. Un buste du président Loubet lui valut en 1902 la Légion d'Honneur.
Marié à Augustine CHAUVELOT, il en eut trois enfants :
- Dinah, qui épousa un magistrat, Mr Béreaud-Reneaud, dont elle eut une fille Odile
- Paul, qui devint architecte DPLG et se fixa àCarcassonne: il eut quatre enfants
- Odile, marié à un officier, eut un garçon et une fille
Veuf depuis 1924, Joseph-Louis Enderlin est décédé le 29 mai 1940 à Bourg-la-Reine: il est enterré, avec son épouse, au cimetière de Montrouge.
C'est en 1987 que le conseil municipal de Durlinsdorf (maire: Mr Félix HUBLER), décida de rebaptiser la rue principale, qui porte désormais le nom de "Rue du sculpteur ENDERLIN".
Son oeuvre
Joseph-Louis ENDERLIN qui maîtrisait tous les domaines de la sculpture, se fit remarquer au Salon dès 1880 par un "Joueur de Bille" (ce qui lui valut le Prix de Florence); cette délicieuse composition, que l'on croirait inspiré de l'antique, réapparut en 1888, cette fois en marbre: acquis par l'Etat en 1890, elle est aujourd'hui exposée au Musée de Reims.
Parmi ses réalisations les plus importantes, outre le monument de Bernwiller, il faut signaler un haut relief constituant un tympan de porte de l'Hôtel de Ville de Paris (daté de 1886), ainsi que l'une des statues située entre les colonnes de la façade principale du Grand Palais: "La Renaissance" de 1899.
Mais ce sont surtout ses bustes qui sont remarquables: il en a réalisé un grand nombre, dont beaucoup ont malheureusement disparu ou n'ont pu être retrouvé.
Le musée de Troyes conserve le buste de Odile (sa fille) : exposé au Salon de 1903, il fut acquis par le Baron Alphonse de Rothschild, qui en fit don à l'Etat; celui de Jeanne, daté de 1905, figure au Musée de Amiens. Les collections familiales détiennent plusieurs autres bustes des divers membres de la famille (et en particulier de ses enfants) ou des amis proches. |
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Odile enfant |
Ce n'est là qu'un aperçu des nombreuses sculptures que nous a laissées ENDERLIN, témoignage de la diversité de son inspiration et de la maîtrise de son art.
G. Béreaud-Renaud | |
Le buste de Paul, fils du sculpteur |
Aquarelles extraites du carnet de voyages du sculpteur à Florence :
Ces recherches, réalisées par M. Jacques-Henry BAUER de Mamirole, ont donné lieu à la publication d'un article dans l'Annuaire de la Société d'Histoire du Sundgau ( Edition 2001 ). Cet ouvrage est disponible auprès de la société précitée à BP 26, RIEDISHEIM (68400).
Nos remerciements aux petits-enfants de Joseph-Louis ENDERLIN, en particulier à Mme Lina ENDERLIN, pour avoir mis des documents de la famille à disposition.