Curiosités archéologiques autour de DURLINSDORF
Par Robert SPECKLIN
Vue du Kleeberg
Si la géologie a réalisé de sérieux progrès, les problèmes posés par la préhistoire restent entiers. Ils concernent essentiellement le Kleeberg, mamelon placé à l'est du village au débouché de la cluse, où de nombreuses sépultures furent découvertes à divers moments. Il s'agit d'en déterminer l'origine.
Dans un premier temps, et comme souvent en pareil cas, les vestiges étaient attribués aux Suédois, du moins était-ce l'opinion recueillie à Durlinsdorf lors de l'enquête en 1859.
L'informateur, qui ne manque pas d'attirer l'attention sur la "taille extraordinaire" des squelettes, note en effet: "On prétend généralement qu'une armée suédoise a campé sur cette colline, et qu'elle a effectué sa retraite par l'Entenweg". (Il y a aussi une grotte appelée "Entenhoehle"). Cependant, nous n'avons pas connaissance d'événements de cette sorte à l'époque, et la tradition ainsi rapportée ne montre guère autre chose que le retentissement, général dans le Sundgau, des misères de cette guerre où le village avait d'ailleurs été abandonné, en 1636.
Le squelette découvert en 1966, bras repliés et tête tournée vers l´est.
A ses cotés une épée et un poignard.
(Photo: A.Schwobthaler).
Après 1871, à la suite de la création du musée d'Altkirch, et pendant trente ans, les objets ou ossements du Kleeberg, étaient considérés comme romains, opinion qui avait été défendue par Stoffel. Plusieurs campagnes de fouilles furent entreprises par les animateurs du musée, en 1878 notamment, sur lesquelles il ne reste malheureusement que fort peu d'indications. En 1883, Reusch publia à propos de la distribution des prix du lycée d'Altkirch l'essentiel des recherches de mai 1878.Il mentionna entre autres, trois sabres de 45, 62 et 70cm de long, des débris d'un collier d'ambre, des plaques et des clous de cuivre provenant d'une armure. La plupart des répertoires postérieurs s'en tenait à cette identification, et on alla jusqu'à attribuer aux Romains la partie inférieure de la tour de l'église, cependant que le cimetière était enregistré comme un ancien cimetière fortifié. A ce titre, le clocher fut l'objet d'une rénovation en 1907, sous la direction de Wolf.En 1957 encore, en creusant les fouilles de sa maison d'habitation, au pied de la colline, M. Pierre Meyer a mis à jour sept squelettes d'hommes de grandes tailles.
1907 marque un tournant dans l'historiographie de Durlinsdorf, car c'est à partir de cette date que la nécropole du Kleeberg est qualifiée de burgonde.
Une autre vue du Kleeberg
Cela se traduit par une note de Gutmann qui déclara alors: "Le très singulier cimetière burgonde de Durlinsdorf, richement fourni en bijoux d'or et d'argent a été complètement pillé, et, à ce travail, participèrent non seulement des collectionneurs étrangers et toutes sortes d'amateurs, mais aussi des vanniers nomades et des gitans. Il ne sera jamais possible de rédiger un mémoire exhaustif sur ce cimetière, peut-être le seul burgonde d'Alsace."
L'opinion de Gutmann se fondait sur l'examen des objets qu'il avait vus à AItkîrch, et divers travaux, consacrés depuis plusieurs années à la question de la limite nord des Burgondes, par les chercheurs de Belfort et de Montbéliard, ont du l'influencer.
On admettait que les Burgondes, vers 500, s'étaient avancés au nord, jusqu'au bord du Jura, où ils se seraient retranchés.
Une étude approfondie du cimetière mérovingien de Bourogne donna par la suite une nouvelle consistance à cette thèse. Perrenot lui donna un support toponymique et analysa en ce sens le nom de Durlinsdorf, mais, aujourd'hui le problème reste encore à résoudre.
Document publié avec l'accord de la Société d'Histoire du Sundgau.
(Présidente: Mme Gabrielle CLAERR STAMM).
Nos remerciements.
Plaque-boucle de ceinture à décor damasquiné du Kleeberg